Cette toute jeune femme se déploie dans des chansons à l’improbable carrefour de Barbara et de Koudlam, de Christophe et de Cold Cave, d’une chanson française introspective et de l’électronique héritière de Kraftwerk. Et sa voix charcute les sentiments,
ravage les séductions tranquilles de la chanson de fille. Dans son enfance, cette voix la gênait : « J’en ai fait un complexe parce que beaucoup de choses chez moi étaient à l’inverse du féminin et que je ne pouvais pas cacher ma voix. » Zaho l’a domptée comme elle a dompté la musique, entre acharnement et plaisir. Au commencement, le piano est une affaire de beignets au chocolat – sa récompense après les cours classiques qu’elle prend en 6e. Dégoût. Mais elle y retourne d’elle-même quelques
années plus tard. Passion obsessionnelle et autodidacte dont son écriture d’aujourd’hui garde la trace – lancer les mélodies en ligne droite, répéter les mêmes deux accords en boucle jusqu’à l’hypnose…